« Pas de doute : la beauté existe (…) c’est celle du moindre cabanon à outils dans une vigne » Francis PONGE, Pour un Malherbe, 1965.

 

Aussi appelée cabotte dans la région de Beaune, caborde près d’Auxerre, caborne dans le Lyonnais, ou encore casèle dans la France méridionale, la cadole désigne la cabane, terme dérivé du latin casa.

Ces constructions rustiques, bien que souvent mises à mal par les aménagements du parcellaire agricole contemporain, demeurent indissociables de la typicité des paysages viticoles notamment.
De pierres sèches ou maçonnées, nous avons la chance de compter sur notre vignoble ces différents types de constructions que nous restaurons à proximité de nos parcelles comme un hommage au travail séculaire de nos aïeux. Ainsi est né le domaine des Cadoles de Chardonnay.

 

Parmi celles-ci, la cadeule des Grands Champs occupe une vénérable place. Oubliée dans les broussailles, nous l’avons retrouvée à l’occasion d’un nouveau défrichement nous permettant de travailler un clos très anciennement cultivé. Construite lors de la mise en valeur de cette partie du terroir de Chardonnay, elle est le résultat des pénibles et longs épierrements effectués par nos ancêtres au moment de la constitution du clos au XVIIIe siècle. Toute de pierres sèches, sans aucun mortier, elle est remarquable par sa position au sein du mur qui l’enserre et assure sa solidité. Comme le veut la technique de construction originelle des cadoles, sa voûte à la stabilité immuable est élevée « en encorbellement » car constituée d’une succession de pierres plates positionnées en corbeaux. Elle n’est pas très spacieuse mais suffit à abriter le vigneron et ses outils le temps d’une averse ou de la pause du « casse-croûte ». N’oublions pas que nos anciens partaient bien souvent pour la journée dans les vignes éloignées du village.

Non loin de là, notre autre cadole des grands Champs bien que plus récente conserve encore davantage le souvenir du labeur de nos grands parents. Juste à côté de la loge du vigneron, l’appentis abritant le cheval de labour reste bien visible. Tout comme la cadole à Marcel, la rationalité de cette construction reflète toute l’ingéniosité de nos aïeux !

 

La cadole à qui ?
Marcel ! c’est notre oncle maintenant disparu qui nous a confié le soin de travailler ses vignes à partir de 1987 et d’entretenir la cadole qu’il tenait lui-même de son beau-père Pierre Piguet son constructeur, c’était en 1945 !
Telle une guérite, la cadole à Marcel veille sur les vignes attenantes du lieu-dit Nécuge. Sur le modèle de la cadole à cheval des Grands Champs celle-ci est également maçonnée et charpentée mais c’est sous terre que se trouve ce qu’il y a de plus remarquable. Idéalement située sur le cours d’une rivière souterraine permettant d’alimenter une citerne creusée de mains d’hommes, la cadole s’avère indispensable à la bonne conduite de la vigne toute proche.
C’est qu’il en faut de l’eau pour tremper les osiers nécessaires au palissage hivernal et printanier, pour arroser les jeunes plants notamment en période de sécheresse, mouiller le soufre et le cuivre, les deux minéraux traditionnels et essentiels à la protection de la vigne contre les maladies.
Grâce à l’eau de la cadole à Marcel, on ne manquera jamais de vin !
Pour lui rendre hommage nous avons baptisé notre première cuvée de Mâcon-Chardonnay « La cadole à Marcel ».